11 Décembre 2017 à Gaoua : Matériaux et savoirs locaux au cœur d’une révolution infrastructurelle

Publié le mercredi 13 décembre 2017 à 19h49min

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11 Décembre 2017 à Gaoua : Matériaux et savoirs locaux au cœur d’une révolution infrastructurelle

Les préparatifs de la commémoration du 57e anniversaire de l’indépendance du pays des Hommes intègres à Gaoua ont suscité une somme de dynamismes en tout genre dans cette cité. Dans cette perspective, plusieurs travaux y ont été effectués en matière d’infrastructures sous la houlette du ministère de l’Urbanisme et de l’habitat. Fait capital dans la mise en œuvre de ce projet qui a métamorphosé la capitale de la région du Sud-Ouest, l’utilisation des savoirs et des matériaux locaux. Une dynamique nouvelle en matière de conception et de construction avec son lot de plus-values culturelles, professionnelles et économiques.

La cité du Bafoudji, l’autre nom de Gaoua, n’est plus la même qu’il y a un an. Depuis la réception du flambeau de la commémoration de l’indépendance dans la ville de Kaya en 2016, les forces vives de Gaoua et plus généralement de la région du Sud-Ouest se sont empressées dans le labeur afin de ne pas manquer le rendez-vous de cette année. Depuis cette étape effectivement jusqu’à la date de la célébration effective de l’anniversaire de l’accession de notre pays à l’indépendance, toute la région du Sud-Ouest était devenue un véritable laboratoire de travaux préparatifs tous azimuts.

Gaoua : une révolution infrastructurelle, une renaissance urbaine

Aussi plusieurs que différents sont les travaux qui ont été entrepris afin de préparer la localité à cette fête d’indépendance édition 2017, laquelle aura été riche en couleurs. En tout cas, pari tenu, on peut le dire, au regard des résultats qui se laissent voir et apprécier dans la ville de Gaoua.

Selon le ministre de l’Urbanisme et de l’habitat Dieudonné Maurice Bonanet la nécéssité d’exploiter les ressources de la région se posait

Sous la vision et la supervision du ministère de l’Urbanisme et de l’habitat, de grands projets de transformations urbaines ont été entreprises, des dynamiques qui ont effectivement transformé le paysage infrastructurel de la cité de Bafoudji. Gaoua la métamorphosée, Gaoua la si belle, parée de ses si beaux habits pourrait-on ainsi dire au vue des nouvelles cités et des nouvelles voies construites.

Les différentes travaux qui ont été diligentés par le ministère de l’Urbanisme et de l’habitat ont permis non seulement de réhabiliter une ancienne citée appelée « cité canadienne », mais encore d’en créer une dès l’entrée de la ville, ce qui a permis la construction de 500 logements. Mais ce ne sont pas ces logements seulement qui ont été capitalisés dans le cadre de ces travaux de préparation du 11-Décembre 2017. La place de la Nation, la salle polyvalente, le nouveau marché et la gare routière font des parties des trophées que le département de Dieudonné Maurice Bonanet peut brandir avec fierté. Un autre fait tout aussi inédit : le bitumage de 50 km de route dans la ville de Gaoua.

Un maçon de Gaoua à l’expertise certifiée en pleine construction

Avec de telles réalisations infrastructurelles, le moins que l’on puisse dire c’est que l’urbanisation vient ainsi de prendre un coup d’accélérateur dans la cité des Bafoudji, changeant de facto les perspectives en matière d’offre de logements, de cadres de rassemblements citoyens (place de la Nation et salle polyvalente) d’échanges et de transactions(gare routière, marché). Une nouvelle ère de modernisation des installations a donc été entamée et mérite d’être poursuivie au-delà des préparatifs de la fête du 57e anniversaire. Un défi que Gaoua et ses environnants peuvent relever au regard des ressources en tout genre que la région dispose en matière de construction.

Gaoua du « 11-Décembre 2017 » : le temps d’or des matériaux et des savoirs locaux

La levée d’infrastructures nouvelles pour célébrer la fête d’indépendance ne s’est certainement pas produite pour la première fois dans la ville de Gaoua. Partout où la commémoration de cet évènement a eu lieu, elle a impacté positivement sur le plan de l’urbanisation les localités. Mais ce qui fait la singularité du cas de la capitale du Sud-Ouest, Gaoua, c’est surtout les matériaux et les techniques qui ont servi à l’érection des infrastructures. En faisant un tour de la ville, l’on se rend à l’évidence que la plupart des différents matériaux qui ont servi à l’érection des de la légion des infrastructures ont été tiré du ventre de la région du Sud-Ouest.

Le renouveau de l’âge de la pierre taillée

Les briques latéritiques taillées spécialité des gens de la région du Sud-Ouest

Gaoua à l’âge de la pierre taillée, pas pour illustrer une réversibilité de la période préhistorique, mais plutôt pour traduire l’exploitation ingénieuse des réalités géomorphologiques dans le processus de construction de la ville. La latérite est cette roche rouge ou brune que l’on rencontre le plus dans la partie occidentale et méridionale du Burkina Faso. La région du Sud-Ouest est naturellement bien nantie de cette pierre. Au fil des années, est né ce savoir artistique de tailler la pierre latéritique pour en faire des briques de construction d’habitat. En termes scientifiques, ce type de matériau est appelé brique latéritique taillée, en abrégé BLT. Mais dans le vocable du commun, c’est le terme pierre taillée qui est le plus utilisé.

A Gaoua, capitale de la région du Sud-Ouest, l’une des caractéristiques qui font le charme des édifices qui ont été construits dans le cadre de la célébration du 11-Décembre 2017 est l’utilisation des pierres taillées ou briques latéritiques taillées. En dehors du ciment et des matériaux de couverture et d’ouverture, les briques qui ont servi à l’édification des infrastructures ont été des chefs-d’œuvre de l’expertise locale en matière de taillage de la latérite.

Le recours à cette expertise régionale pour obtenir ce matériau authentique du terroir a procédé de la vision du ministère de l’Urbanisme et de l’habitat qui a voulu conférer une certaine endogénéité à la réalisation des infrastructures. Ce qui aura permis de mettre les gens de la région à la pâte pour réaliser des œuvres qui ressemblent à leurs réalités, à eux-mêmes.

Organisation d’une expertise locale aux retombées professionnelles et économiques

Dans le processus de construction des infrastructures du 11-Décembre, la sollicitation à l’expertise locale pour tirer de la terre les briques latéritiques taillées a créé une somme de retombées professionnelles heureuses pour la région. Le fait d’avoir fait le choix de faire réaliser les œuvres architecturales avec ce matériau de la région a nécessité une mobilisation d’acteurs, ce qui a créé comme conséquence directe la création d’emplois sur toutes les chaines des constructions.

Selon le ministre de l’Urbanisme et de l’habitat, Dieudonné Maurice Bonanet, dans le ficelage du projet de construction des infrastructures, ils (avec les experts de son département) se rendu à l’évidence qu’il y avait cette possibilité d’exploiter les potentialités de la région du Sud-Ouest : les briques latéritiques taillées et les expertises locales utilisées pour obtenir ce type de matériau. L’idée qui procédait naturellement de ce regard était d’employer la population jeune de la région.

Une vue des logements sociaux en finition

Dans cette logique, en plus de mobiliser les tailleurs des briques, la direction de la sureté de l’habitat et celle sureté de l’habitat à travers la direction chargée de la promotion des logements ont initié des sessions de formations a eu à former les maçons afin qu’ils puissent être bien nantis en matière de technicité pour faire les différentes constructions. Dans le projet, « on ne vient pas parce qu’on est maçon, on vient parce qu’on a une certaine qualification pour mettre en œuvre quelque chose » a précisé Adama Ouiya, expert à ACOMOD (Agence de conseil et de maitrise d’ouvrage délégué en bâtiment et aménagement urbain), une structure qui a été la cheville ouvrière de la construction de la gare routière.

En tout cas l’initiative aura eu le mérite de donner des occupations professionnelles aux jeunes de la région. Les BLT ont été tirées des entrailles de la localité de Gaoua, de Loropéni, de Diébougou, Dano. En plus de ces emplois directs que le projet a générés, il faut ajouter toutes ces occupations connexes ou intermédiaires : vente d’eau, restauration, transport… Somme toute, la dimension socio-économique ne fait l’ombre d’aucun doute, elle est certaine, elle est visible et prégnante…

Infrastructures du 11-Décembre à Gaoua : un« passage de soi à soi à un niveau supérieur »

« Le développement, c’est le passage de soi à soi à un niveau supérieur ». La maxime est du Pr Joseph Ki-Zerbo. Et ce qui s’est fait dans la cité de Bafoudji peut être interprété sous le prisme de cette idée du Professeur. Pour sûr l’expérience est originale et sert en même temps de pédagogie pour dire que les Burkinabè à partir de leur existant peuvent créer le développement. Se référer à soi, réfléchir à soi et travailler à soi pour son bien-être. C’est la clé du développement endogène auquel aspirent de façon générale les Etats africains et de façon particulière le Burkina Faso.

A Gaoua le développement endogène a cessé d’être une réalité idéelle pour devenir une réalité vivante à travers les différentes infrastructures réalisées avec les matériaux et les bras valides de la région du Sud-Ouest. Grâce aux matériaux et savoir-faire locaux en matériaux les différentes infrastructures ont été réalisées à moindre coût. Ceci est une réalité salutaire qui permet l’accessibilité des logements aux Burkinabè moyens qui seraient dans le besoin.

L’autre pan de la pédagogie de Gaoua est que tout en décomplexant sans doute le regard des gens à la terre (briques latéritiques), il ouvre désormais des perspectives en matière de construction. Le ton a été donné avec envergure à Gaoua, l’on peut espérer que dans toutes les autres régions où le matériau est disponible, les gens l’exploitent dument pour s’ériger des logements conformément à leurs besoins. Cela est une dynamique qu’il faut absolument encourager.« Je suis profondément convaincu que le peuple burkinabè peut faire son bonheur lui-même et être l’artisan de son propre développement. Travailler par soi-même et pour soi-même, c’est l’expression de la volonté du peuple qui loin d’être une spiritualité est réalité vivante et agissante » (Thomas Sankara).

Anselme Marcel Kammanl
Lefaso.net

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