Accès à l’eau potable : Les femmes de Loropéni appellent au secours

Publié le mercredi 4 décembre 2019 à 22h44min

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Accès à l’eau potable : Les femmes de Loropéni appellent au secours

La problématique de l’accès de l’eau potable dans les communes demeure jusqu’à nos jours une difficulté cruciale à surmonter. Celle de Loropéni (localité située à environ 40 km de Gaoua) n’est pas en reste. La commune a bénéficié d’une adduction d’eau potable courant l’année 2017, qui n’a malheureusement fonctionné que six mois. Les femmes de Loropéni-Centre se battent pendant plusieurs heures au niveau des pompes pour avoir quelques litres du liquide précieux, en attendant qu’une solution durable soit trouvée.

Loropéni ou la « Cité de Massako (la rivière du chef) » a une population estimée à environ 62 000 habitants. Des données hydrauliques, il ressort que la commune (qui compte 71 villages), bénéficie de 286 forages dont 33 en panne et 20 abandonnés. « Loropéni-Centre, avec ses cinq secteurs, a bénéficié d’une adduction d’eau potable avec seize bornes-fontaines financée par la KFW [Coopération financière allemande] avec pour maître d’ouvrage l’ONEA [Office national de l’eau et de l’assainissement] », nous confie le maire de Loropéni, Sié Wolonkourè Pooda. « Après la réception définitive en début 2017, nous nous sommes rendu compte que la nappe d’eau n’était pas fournie », ajoute-il. Cette situation cause beaucoup de difficultés à la population.

Sié wolonkourè Pooda ,maire de Loropéni

Et ce ne sont pas les femmes qui diront le contraire. « Je me lève à 4h du matin pour venir à la pompe, mais jusqu’à 9h voire 10h, tu ne peux pas avoir une quantité d’eau suffisante pour faire la cuisine et les autres travaux ménagers. Il n’y a pas assez de pompes à Loropéni-Centre. Au secteur 2, nous avons une seule pompe, ce qui amène souvent des disputes entre nous », témoigne Madeleine Mamoué.

Elle ajoute : « Les bornes-fontaines qui pouvaient nous aider, elles n’ont fonctionné que quelques mois et plus une goutte d’eau jusqu’à aujourd’hui ». La gérante d’une borne-fontaine au secteur 2, Mariam Ouattara, explique que « les robinets ne fournissent plus d’eau depuis plusieurs mois. Avant cette longue coupure, on avait l’eau environ deux heures [par jour]. Nous partons au barrage puiser l’eau dans un grand puits qui a été aménagé ».

Au secteur 3, Djénéba Ouattara nous relate son calvaire pour avoir l’eau : « J’ai un bébé de huit mois que je ne peux pas laisser seul à la maison ni amener avec moi pour aller me battre pendant des heures pour avoir l’eau. La borne-fontaine qui est à environ 200 mètres de chez moi ne fonctionne plus depuis quelques mois ».

Pourquoi plusieurs bornes-fontaines ne fonctionnent pas ?

Borne fontaine secteur 2

Selon le maire de Loropéni, la situation s’explique, de l’avis des techniciens de l’eau, par le faible débit du forage auquel le château d’eau a été raccordé. Le débit actuel n’est pas en mesure de générer une quantité d’eau suffisante pour les 16 bornes-fontaines. En résumé, la situation est due à l’insuffisance de la ressource eau.

Pour le gérant de l’adduction d’eau potable, Brahima Sanou, le problème de la nappe d’eau est une réalité. « Quand je démarre le groupe électrogène, à peine deux heures, l’eau ne monte plus dans le château. Je suis obligé d’arrêter parce que les machines tournent à vide », confie-t-il.

Les pistes de solution

« Au regard de la situation, nous avons adressé une lettre au bailleur de fonds, la KFW, pour lui signifier les difficultés avec l’adduction d’eau. Ils sont venus constater avec l’entreprise qui a la gestion de la distribution de l’eau. En 2018 et en 2019, ils sont venus prospecter dix sites jusqu’à 7 km de Loropéni-Centre. Malheureusement, sur les dix sites, ils ont pu avoir deux positifs (…). Ils ont prévu d’associer ces deux sites qui font chacun environ 6 mètres-cubes de débit par heure. Les levés topographiques ont été faites, il ne reste que la pose des vannes et les travaux connexes », relate le maire Sié Wolonkourè Pooda.

Il assure que le conseil municipal partage la souffrance des populations. C’est pourquoi il s’évertue à trouver des solutions à ce manque d’eau. « Nous présentons toutes nos excuses à la population et nous leur demandons toujours de la patience en attendant la bonne marche du château d’eau qui était un projet ambitieux. Mais malheureusement, des difficultés freinent cette ambition pour faciliter l’accès à l’eau potable », s’est-il excusé, avant de formuler cette demande : « Je demande le concours de toutes les bonnes volonté, coutumiers, religieux, fils et filles de Loropéni pour que la population de la cité de Massako puisse disposer de l’or bleu en tout temps et en tout lieu ».

Boubacar Tarnagda

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