Journées de l’art vestimentaire traditionnel à Dano : Faire du boubou Dagara, « un identifiant national »

Publié le mardi 25 avril 2017 à 23h37min

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Journées de l’art vestimentaire traditionnel à Dano : Faire du boubou Dagara, « un identifiant national »

La ville de Dano dans la province du Ioba a vibré au rythme de la 8e édition des Journées de l’art vestimentaire traditionnel (JAVEST), du 22 au 25 avril 2017. « Signes et symbolismes du boubou Dagara », c’est sous ce thème que la manifestation s’est tenue cette année, avec comme parrain le président de l’Assemblée nationale Dr Salifou Diallo. Il a souhaité que le boubou Dagara, en vogue depuis quelques années, devienne un identifiant national, source de fierté et de résistance.

L’initiative est belle et louable, mais elle est en butte à plusieurs difficultés. Cette édition 2017 était celle de la renaissance des Journées de l’art vestimentaire traditionnel (JAVEST) qui n’ont plus eu lieu depuis 2013. Selon le président du Groupe d’appui aux actions de développement (GRAAD), François Somé, les JAVEST qui occupent une place de choix dans l’agenda local depuis son institution en 2004 n’appartiennent plus seulement aux initiateurs, mais à toute la région du Sud-Ouest et partant à tout le Burkina, au regard de son apport aux plans culturel et économique.
François Somé, a de ce fait lancé un appel pour sauver les JAVEST. « Ce n’est pas toujours qu’on aura un heureux bienfaiteur », a-t-il dit en parlant du président de l’Assemblée nationale Salifou Diallo qui a soutenu l’organisation de cette édition de la renaissance.

L’évêque de Diébougou, Mgr. Der Raphael Dabiré, a également lancé un appel aux artistes, couturiers, couturières et aux organisateurs pour plus d’unité et de cohésion. Il leur a demandé de taire leurs divergences pour sauver les JAVEST. « Sans vous, point de JAVEST, sans JAVEST, vous perdrez beaucoup aussi », a professé l’homme d’église. « Il faut donc poursuivre la mission de valorisation de l’art vestimentaire dagara, conviction et fierté », a-t-il poursuivi.

Un boubou, objet de fierté nationale

Le parrain de la 8e édition a loué cette initiative qui revalorise l’art vestimentaire dagara en particulier et burkinabè en général. Pour Dr Salifou Diallo, sa présence à ces journées se justifie à plus d’un titre. Le Boubou dagara est devenu « un identifiant national qui entre en ligne de compte autant que l’économie pour l’émancipation de notre pays. Il faudra qu’à partir de ces journées d’art vestimentaire de Dano, nous puissions envisager des journées d’envergure nationale pour magnifier l’art vestimentaire national » selon lui.

« Que ce soit en Europe ou en Afrique, quand on porte le boubou dagara, automatiquement on sait de quel pays vous venez, le Burkina Faso ».
Plus engagé, il poursuivra en rappelant que la colonisation et la néocolonisation « nous » ont aliénés à travers d’autres cultures. « Un Etat sans âme, une société sans culture est une société en déperdition. Valoriser le boubou dagara, c’est permettre aux jeunes générations de perpétuer et la résistance et la lutte de notre peuple pour son émancipation économique, culturelle et morale » a poursuivi l’occupant du perchoir qui a promis l’accompagnement de l’Assemblée nationale à cette initiative.

Le parrain, en remontant l’histoire a fait savoir qu’à la fin du 17e et au début du 18e siècle, l’Europe des textiles, s’est battue pour imposer le costume et la cravate. Et ce textile est devenu la première source de richesse de l’Europe de la renaissance. Aussi, en Asie, lors de la révolution en Chine, en 1948-1949, les Chinois ont valorisé et développé le boubou chinois, devenu depuis lors, un signe de résistance et de fierté nationale.

« Nous n’avons pas le droit de laisser disparaitre un des traits de notre culture », a poursuivi Salifou Diallo qui a confessé qu’ « aujourd’hui, nous n’avons aucun complexe devant ceux qui portent la cravate » quand on arbore fièrement le Faso Dan Fani. Et cela doit se poursuivre. « La culture, c’est là où commence l’émancipation des peuples, c’est aussi là que finit l’émancipation des peuples », a-t-il proclamé. C’est d’ailleurs ce pourquoi il a accepté accompagner cette initiative.

Le parrain a par ailleurs invité les organisateurs à étendre la manifestation à l’ensemble de la région du Sud-Ouest et à explorer d’autres horizons.
En tout cas, au nom de la représentation nationale, Salifou Diallo a rassuré que « l’Assemblée nationale à chaque édition sera présente ». Salves d’applaudissements à la maison de la femme de Dano où la cérémonie d’ouverture a eu lieu.
Exposition-vente, conférences sur le thème, défilé de mode et bien d’autres activités ont marqué cette 8e édition des Journées de l’art vestimentaire traditionnel (JAVEST).

Tiga Cheick Sawadogo
Lefaso.net

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