Village de Sangoulanti (Sud-Ouest) : Un site d’orpaillage ouvert en face d’une école primaire

Publié le mercredi 11 septembre 2019 à 17h07min

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Village de Sangoulanti (Sud-Ouest) : Un site d’orpaillage ouvert en face d’une école primaire

Les sites d’orpaillage existent dans presque toutes les communes de la région du Sud-Ouest. Mais cette activité n’est pas encadrée comme il le faut, d’où les conséquences désastreuses pour les communautés et l’environnement. Dans le village de Sangoulanti (situé à environ 67km de Gaoua), dans la commune de Kampti, l’école primaire a du mal à fonctionner normalement. Et pour cause, un site d’orpaillage se trouve en face de l’école primaire, juste à environ 200 mètres. Malgré les tentatives de déguerpissement conduites par la commune avec l’appui des forces de l’ordre, ces orpailleurs font de la résistance.

La situation dure depuis deux ans, affirme le directeur de l’école primaire de Sangoulanti, Eric Kambou. Selon son témoignage, un groupe de jeunes du village, munis de détecteurs d’or, ont affirmé avoir découvert le métal jaune juste en face de l’école. « Dès qu’ils ont commencé à creuser, j’ai saisi les responsables du village et des sensibilisations ont été faites pour faire comprendre aux chefs de ménage la dangerosité de ce site en face de l’école. Chaque famille avait pris l’engagement d’interdire à ses enfants la fréquentation du site, mais les engagements n’ont pas été respectés. Les orpailleurs d’un site voisin (Bantara) ont envahi très rapidement le site de Sangoulanti, ignorant l’école primaire juste en face. Les premiers trous ont pris naissance juste derrière le logement des enseignants », retrace Eric Kambou.

Cette situation n’est pas sans conséquences pour les élèves, car certains aident leurs parents à chercher l’or sur le site. Ainsi, le directeur de l’école note « des absences répétées de beaucoup d’élèves, la somnolence pendant les heures de cours, les nuisances sonores des engins qui traversent la cour de l’école. » Un autre enseignant de l’école témoigne : « Au cours de l’année scolaire écoulée, le phénomène des absences avait été maîtrisé avec l’arrivée de la cantine scolaire, mais dès que les vivres sont finis, le problème a repris. » Les résultats de fin d’année de bon nombre d’élèves sont en baisse et l’école a enregistré, l’année dernière, une dizaine d’abandons avant les vacances.

La proximité entre le site d’orpaillage et l’école ne laisse pas indifférent Sidibté Sib, le chef du village. Il demande le soutien des autorités pour sauver l’école parce que les orpailleurs travaillent même la nuit. Le maire de la commune de Kampti, Jean de la Croix Pooda, dit avoir entrepris en 2018 une opération de déguerpissement à Tiossèra et Sangoulanti, avec l’appui des forces de l’ordre. Mais cette opération s’est montrée inefficace, vu que les lieux sont toujours occupés.

Impuissante, la commune a adressé une correspondance au haut-commissaire du Poni pour la résolution du problème. C’est ainsi que l’Agence nationale d’encadrement des exploitations minières artisanales et semi-mécanisées, qui gère les sites d’orpaillage, a été saisi. Les orpailleurs de Sangoulanti ont été déguerpis, mais sont revenus quelques jours plus tard. Une rencontre s’est tenue le lundi 2 septembre dernier, et il a été arrêté que les orpailleurs quittent immédiatement l’enceinte de l’école et que les trous soient refermés aux frais du responsable du site, précise le maire.

Les 11 et 18 août derniers, huit morts ont été enregistrés suite à des éboulements sur le site d’orpaillage de Sangoulanti.

Boubacar Tarnagda

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