
Des moments de taquineries, de plaisanteries, de moqueries, c’est l’ambiance bon enfant qui prévalait ce dimanche 13 novembre à la place de la révolution de Gaoua, à la faveur de la journée de la parenté à plaisanterie.
Ces journées se tiennent dans le cadre de la célébration des journées conjointes de la paix et de la tolérance, nous confie le directeur général de la promotion civique, Camille Bénéwendé Tapsoba. « Nous avons voulu nous appuyer sur les valeurs qui sont les nôtres, pour pouvoir célébrer ces journées. Et la parenté à plaisanterie est un des mécanismes dont dispose notre pays et qui contribue fortement à la prévention et à la gestion des conflits communautaires », rappelle M. Tapsoba.
- Echange de cadeaux entre Lobi et Gouin
Les peuples lobi, gouin, bissa, gourounsi, samo, peulh, bobo, mossi, et bien d’autres communautés ont marqué leur présence à cette journée nationale de la parenté à plaisanterie qui se tient à Gaoua pour cette présente édition. Pour le représentant de la communauté gourounsi, Antoine Balélé Baco, « le message de notre communauté est clair. Cette crise sécuritaire que nous traversons n’est pas une affaire de communautés parce que la liste de ceux qui attaquent le Burkina n’a pas été établie.
Et si nous établissons cette liste, nous nous rendrons compte qu’il y aura une soixantaine de noms de famille différents. Pour dire que chaque communauté du Burkina pourra avoir un élément engagé parmi les forces du mal. On n’a pas à stigmatiser ou à indexer une communauté. Il faut agir de sorte que toutes les communautés prennent conscience que le vivre ensemble est l’essentiel. Et si nous venons à perdre cette valeur cardinale, c’est le Burkina qui disparaît et sur cette base pour nous, il faut travailler à ratisser large et à aller vers l’unité parce que nous sommes tous touchés par cette crise sécuritaire et le Burkina passe avant tout ».
- Le conférencier du jour, le sociologue, formateur à l’Institut national de formation en travail social de Gaoua, Pertiou Yaya Coulibaly
Dans la même dynamique Seydou Bandaogo de la communauté bissa apprécie cette journée et souhaite sa pérennisation. « On se retrouve pour plaisanter, se taquiner, il n’y a rien de tel, nous devons renforcer ces liens pour un bon vivre-ensemble entre communautés, pour avoir plus de force devant tout ennemi », ajoute-t-il.
Le conférencier du jour, le sociologue et formateur à l’Institut national de formation en travail social de Gaoua, Pertiou Yaya Coulibaly, suggère aux autorités de mettre un accent sur la valeur de la parenté à plaisanterie. « C’est un existant qui a déjà fait ses preuves, il faut travailler à le consolider de sorte à ce que les Burkinabè soient unis et que nous puissions développer cette cohésion sociale qui était une richesse au Burkina ». Aussi, ajoute-t-il, « il faut multiplier ce genre de cadres pour amener les uns et les autres à se connaître davantage pour éviter les stigmatisations, pour que même les forces du mal qui tentent les divisions se rendent compte que malgré les difficultés, les communautés restent soudées ».
La stigmatisation ne pourra pas résoudre nos problèmes sécuritaires, rappelle le directeur général de la promotion civique, Camille Bénéwendé Tapsoba. « Cela peut engendrer l’effet contraire recherché, c’est-à-dire un repli identitaire, qui est un terreau fertile pour l’expansion du terrorisme. Nous demandons aux communautés de s’unir et non d’exclure certaines, ce qui peut profiter à l’ennemi », conclut-il.
Boubacar TARNAGDA