Journée mondiale de la liberté de presse : le recul dans le classement de la presse burkinabè, regrettable selon des journalistes de la ville de Gaoua

Publié le lundi 4 mai 2020 à 17h11min

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Journée mondiale de la liberté de presse : le recul dans le classement de la presse burkinabè, regrettable selon des journalistes de la ville de Gaoua

Le monde des médias a célébré le dimanche 3 mai 2020 la journée internationale de la liberté de presse sous le thème « Médias, élections et insécurité : faire du journalisme sans crainte, ni complaisance ». Si les auditeurs, téléspectateurs, lecteurs et internautes expriment leur satisfaction quant au traitement de l’information des médias de la ville de Gaoua, les hommes de presse quant à eux regrettent le recul de deux points dans le dernier classement de Reporters Sans Frontière. Pour eux ce recul est imputable à plusieurs raisons dont les principales sont l’insécurité et le Code pénal qui réduit considérablement les marges de manœuvre des journalistes dans le traitement de l’information.

Le paysage médiatique de la cité du Bafuji regorge deux radios (la RTB2 Gaoua, la radio Evangile du Sud-Ouest), un journal en ligne (bafujiinfo.com), et des correspondants de presse (Sidwaya, Lefaso.net, l’Observateur Paalga, Le Pays, Omega, etc.). Les informations sont collectées, traitées et diffusées dans les règles de l’art, foi de quelques gaoualais. Tout en rendant hommage aux hommes de médias qui font de leur mieux pour accomplir leurs missions, ils les exhortent à maintenir le flambeau.

De l’avis de Bapio Achille BACO, « le traitement de l’information dans les médias de la localités est satisfaisant, en ce sens que l’information est traitée en temps réel et nous pouvons nous même vérifier la véracité des faits ». Sansan Hubert Da donne les mêmes motifs de satisfaction, tout en restant sur sa soif sur certains sujets sensibles comme les informations liées à la religion qui, pour lui doivent être traitées avec beaucoup de prudence pour ne pas heurter certaines sensibilités.

Sanasan Hubert DA, habitant de Gaoua

Les médias étatiques marquent des bons points avec Sié Elie Kambou qui déplore néanmoins une certaine censure par moment. « Pendant les émissions interactives, nous ne sommes pas libres souvent de dire ce que nous pensons, surtout quand ça concerne les agissement du gouvernement. Quand on nous empêche de nous exprimer cela montre que les journalistes n’ont pas les mains libres par moment, c’est ce qui est regrettable », ajoute-il.

Pour répondre aux aspirations des populations certaines recommandations leurs ont été faites. Au regard de plusieurs internautes qui cherchent la primauté des informations sur certains réseaux sociaux, notamment Facebook, Hubert Sanasan Da préconise aux journalistes « la promptitude à donner l’information en temps réel de sorte à ne pas laisser les gens aller dans tous les sens parce que même quand la vraie version arrive avec les professionnels, la désinformation a déjà gagné du terrain » regrette-il.

Sié Ambroise KAMBIRE, habitant de Gaoua

Pour Sié Ambroise Kambiré, la déontologie du métier doit être la boussole de tout journaliste pour éviter les manquements professionnels. Du coté de quelques professionnels de médias ce recul n’est pas étonnant. Pour Lambert Soma, journaliste à la RTB2 Gaoua, le thème de cette année est interpellateur. « Cette année 2020 est une année électorale pour le Burkina Faso, et depuis quelques années une bonne partie du territoire est sous l’emprise d’attaques terroristes récurrentes, toute la problématique c’est comment garder le cap dans ce climat peu rassurant ? ».

La question du terrorisme est également évoquée par son confrère Hahadi Sandamba. Pour lui en plus de cela, il ne faut pas occulter le Code pénal actuel qui restreint d’avantage la liberté d’expression des journalistes. En outre les conditions de vie et de travail ne sont pas enviables, à cela si vous êtes victimes d’agression verbale ou physique, votre rendement professionnel ne peut que prendre un coup, affirme Hahadi Sandamba. « On est souvent victime de cambriolage et les objets emportés sont nos outils de travail (disque dur, ordinateur, clés USB) » regrette-t-il.

Sié TIOYE, habitant de Gaoua

Pour Bienvenu Taonsa, rédacteur en chef adjoint de la RTB2 Gaoua, ce recul n’est pas imputable à la pratique journalistique, mais plutôt à la nouvelle loi portant Code pénal. « Cette loi restreint les marges de manœuvres des journalistes dans la collecte, le traitement et la diffusion de l’information ». En dépit de cela il appelle ses confrères au respect des fondamentaux du métier.

Le recul du Burkina est constaté certes, mais pas catastrophique selon Kissogo Abdoul Karim Ouattara, correspondant de Radio Omega et de l’Observateur Paalga. « Nous sommes toujours dans le top du classement, mais ce qui est difficile pour bon nombre de confrères actuellement, c’est le traitement de l’information lié au terrorisme. Nous ne sommes pas du tout protégés pour aller faire un reportage dans ces zones d’insécurité comme les confrères des médias internationaux ».

La volonté d’informer en temps réel existe, mais cette volonté n’est pas soutenue par les responsables des organes de presse qui veulent être pourtant à la Une des actualités. Puis d’ajouter que « lorsque vous devez collecter une information urgente hors de Gaoua, et que on ne vous donne pas les moyens à temps, il va de soi que votre organe n’ait pas la primeur de certaines informations ».

Boubacar TARNAGDA

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